Guerre de pensées au Château

Publié le par Gérard

sarko-merkel.jpg

Etrange phénomène paranormal vendredi à l’Elysée. Quand vous interrogez certains conseillers au sujet de l’entretien de Nicolas Sarkozy au Figaro Magazine, ils parlent comme si vous n’aviez rien compris à la prose présidentielle. On pointe que le chef de l’Etat évoque désormais la possibilité d’organiser un référendum sur les devoirs des chômeurs et on vous répond que la réforme de la formation professionnelle est un sujet «très important», qui sera bien au «cœur de la campagne». On souligne que le chef de l’Etat n’exclut pas le recours à un référendum sur les questions d’immigration, on vous répond que Sarkozy n’utilisera pas cette arme sur des sujets qui «clivent» les Français comme «l’éducation et l’immigration». Le signe, au minimum, d’un malaise au plus haut sommet de l’Etat. La confirmation en tout cas que la campagne du Président part dans une étonnante désorganisation.

 

Catapulté. «La réalité, c’est que Nicolas Sarkozy n’a associé aucun de ses conseillers sur la crédibilité technique de ses mesures. Il y est allé tout seul, épaulé du seul Patrick Buisson», décrypte un visiteur du Château. Ex-patron de Minute, actuel président de la chaîne Histoire, le très droitier Patrick Buisson a longtemps attendu son heure. Le voilà catapulté en grand stratège du début de campagne. Que dit cet amoureux des chants grégoriens et de Ferdinand Céline ? D’abord, puisque le FN a délaissé ses thèmes traditionnels de campagne (sécurité et immigration), qu’il y a un espace à prendre. Ensuite, que les Français, notamment des classes populaires, sont exaspérés par la question de l’assistanat, notamment, auprès des populations immigrées. D’où la double initiative référendaire de Sarkozy.

 

«Cela fait deux ans que Buisson veut son référendum sur les immigrés, il l’a eu», se désole une source gouvernementale. C’est d’autant plus curieux que Sarkozy a répété, à l’occasion de ses différentes sorties télévisées, que «la France a été réformée sans violence» et que les «organisations syndicales ont fait preuve de responsabilité». Et, d’un seul coup, le voilà qu’il dégoupille la grenade de la consultation populaire. Vendredi, Franck Louvrier, le porte-parole de l’Elysée, tentait de tempérer un peu la portée de l’interview-programme : «Ce n’est qu’un échantillon, quand Sarkozy deviendra candidat, il y aura des propositions tous les jours.»


«Contresens». Quoi qu’il en soit, c’est la défaite de ceux qui, à l’Elysée et au gouvernement, défendaient une campagne centrée sur des thèmes économiques et sociaux. Un poids lourd de l’Elysée confiait il y a plusieurs semaines : «Ce serait un contresens de vouloir parler d’immigration alors que la situation économique va mal. Les vrais sujets pour les Français sont l’emploi et le pouvoir d’achat.» Un ministre du premier cercle, il y a quinze jours : «Le régalien, ce n’est pas le problème. On a un vrai bilan. Aujourd’hui, le cœur, c’est l’économie, l’emploi.» Le secrétaire général de l’Elysée, Xavier Musca, grand coordinateur des questions économiques et sociales, paierait aujourd’hui son pessimisme congénital. «Sarko n’a pas besoin de cela en ce moment», souffle un visiteur. D’où le recours à Emmanuelle Mignon (lire ci-contre). A une semaine d’une possible entrée en campagne, tout cela témoigne d’une invraisemblable improvisation.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article