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Bayrou, Cheminade, Sarkozy, Arthaud et Mélenchon sur France 2 : ce qu’il faut en retenir

Publié le par Gérard

Nicolas Sarkozy, Nathalie Arthaud, Jean-Luc Mélenchon, François Bayrou et Jacques Cheminade invité de l'émission politique de France 2, jeudi 12 avril 2012.
Nicolas Sarkozy, Nathalie Arthaud, Jean-Luc Mélenchon, François Bayrou et Jacques Cheminade invité de l'émission politique de France 2, jeudi 12 avril 2012.
(AFP : MONTAGE FTVI)
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Après la première édition avec François Hollande, Marine Le Pen, Eva Joly, Nicolas Dupont-Aignan, et Philippe Poutou mercredi, François Bayrou, Jacques Cheminade, Nicolas Sarkozy, Nathalie Arthaud et Jean-Luc Mélenchon étaient invités de l’émission Des Paroles et des Actes, jeudi 12 avril 2012. Par ordre tiré au sort, ils se sont confrontés, les uns après les autres aux quatre mêmes journalistes durant 16 minutes et 30 secondes, CSA oblige. Enjeux et résumé pour chacun.

François Bayrou

L’enjeu: Enrayer la chute. L’ex "troisième homme" de 2007 n’a plus la côte, il est même tout récemment tombé sous la barre des 10% dans les sondages, derrière Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon,. Le centriste, qui n’a pas lâché son discours sur le désendettement du pays depuis cinq ans, doit donc renverser la vapeur.

La phrase: "On considère comme normal que l'Etat, qui devrait montrer l'exemple, entasse la dette sur le dos des enfants."

L’attitude: Sérieux et pédago. Fidèle à lui-même, le candidat du MoDem a défendu son programme notamment économique. Son diagnostic ? "Le modèle social français est gravement menacé [...] parce que c'est le plus exigeant et le plus cher des pays qui nous ressemblent."

François Bayrou a également dénoncé "le gaspillage encouragé" de l'Etat, promettant "qu'on ne dépensera pas plus l'année prochaine et l'année suivante" que cette année s'il était élu. Enfin, il a maintenu ses propos sur le "climat" politique tenus le soir même de la tuerie dans l'école juive de Toulouse, estimant : "Les guerres de religion ne sont jamais éteintes, elles menacent toujours de se rallumer".

La difficulté:  Interrogé sur les appels du pied de l'UMP et du PS en sa direction, François Bayrou s'est présenté comme "la seule majorité stable et crédible face à la crise", tout en refusant d'exclure l'idée d'être le premier Ministre de l'un ou l'autre des deux candidats. 


• Jacques Cheminade

L’enjeu: Gagner en crédibilité. Déjà candidat en 1995, le chef de file de "Solidarité et Progrès", qui a décroché de justesse les 500 parrainages, est considéré comme l’ovni de cette élection. Propositions surprenantes et iconoclastes et équipe de campagne restreinte profite de l’égalité du temps de parole pour sortir de l’anonymat.

La phrase"Je suis une jeep tout terrain et ce qui m'intéresse, c'est de voir les choses en perspectives."

L’attitude: Dans l'espace. Contrant toutes les attaques en "bizarrerie" de son programme en invoquant "l'avenir, la vision à long terme", Jacques Cheminade a défendu tour à tour le développement du chant choral, les investissements pour "une fusée Ariane 5 ME" et perdu ses interlocuteurs par des propos techniques...

Et de regretter "la mystique de l'équilibre budgétaire", d'expliquer "la différence entre la dette légitime et illégitime" ou d'invoquer, Maurice Allais, "notre seul prix Nobel d'Economie" qui prônait la séparation des banques de dépôt et d'investissement. Il partage d'ailleurs cette proposition avec François Hollande pour qui il pourrait voter au second tour, "s'il maintient ses positions contre la finance"

La difficulté: Interrogé sur les théories du complot largement relayées par son mentor américain Lyndon LaRouche il a botté en touche: "Je considère qu'il y a deux types d'imbéciles ceux qui disent il n'y a pas de complot jamais, et ceux qui disent qu'il y a des complots tout le temps". Sur les attaques du 11 septembre 2001 à New York notamment il s'est contenté d'affirmer: "Il y a des éléments troublants."


• Nicolas Sarkozy

L’enjeu: Gratter des points. Il confiait dimanche 8 avril 2012 au JDD "sentir monter la vague" de la victoire. Mais le président candidat, donné en recul dans les derniers sondages et toujours largement distancé par François Hollande au second tour, cherche toujours un véritable élan.

La phrase: "La France silencieuse a des choses importantes à dire, à vous, aux médias, à la pensée unique, attendons le choix des Français"

L’attitude: Pragmatique et expérimenté. Comme au cours de ces derniers jours de campagne, Nicolas Sarkozy cherche à se repositionner comme le capitaine capable de tenir la barre: "J'ai l'expérience de la gestion des crises", "la crise, c'est pas une invention, c'est une réalité et il y a quelques jours encore il a fallu sauver la Grèce","la dette le déficit c'est pas du tout de la psychologie". Et de promettre "si les Français continuent à me faire confiance, on continuera à réduire les dépenses", soulignant celles promises par François Hollande.

Le candidat UMP a également re-décliné certaines de ces annonces comme l'indexation des retraites sur l'inflation, la fermeture de manière "unilatérale" des marchés publics français aux entreprises produisant hors d'Europe, si l'Union n'obtient pas "la réciprocité [d'accès aux marchés] auprès des grands d'Asie". Sans oublier de tacler François Hollande.

La difficulté: Interrogé sur les propos d'Eva Joly la veille évoquant "une présomption concordante et précise" quant au financement illégal de sa campagne en 2007 et de celle d'Edouard Balladur en 1995 et dont il était porte-parole, Nicolas Sarkozy s'est agacé: "Je n'ai pas à répondre à Mme Joly, Mme Joly c'est qui? C'est l'alliée de Monsieur Hollande [...] Quand on pense que cette dame qui viole tous les principes du droit [...] a été magistrate [...] Demandez lui d'apporter des preuves, des faits et je lui répondrait, mais sur les ragots, sur la médisance, la méchanceté permettez moi de vous opposer le mépris le plus cinglant."


• Nathalie Arthaud

L’enjeu: Prouver qu’elle est la vraie candidate "communiste révolutionnaire". Après le show de Philippe Poutou, le candidat le plus proche d’elle idéologiquement, celle qui a succédé à Arlette Laguiller fait face à vrai défi. Créditée de moins de 1% dans les sondages, elle cherche à populariser et encourager la lutte internationale des classes, celle des ouvriers et salariés contre "le grand capital".

La phrase"Je ne connais que la force sociale, la force des travailleurs qui revendiquent leurs droit contre des groupes qui sont riches à milliards."

L’attitude: Vent debout, révoltée. La candidate de lutte ouvrière n'a eu de cesse de dénoncer "la dictature du grand capital que nous vivons aujourd'hui", "le dikat", "tout le mal qu'[elle] pense de l'économie capitaliste". Nathalie Arthaud a brandit "la loi et l'article L11 46 1" pour justifier sa volonté d'emprisonner les "patrons voyous". Et sa proposition de supprimer la TVA sauf "pour les produits de luxe, les sacs Vuitton, les yachts" qu'elle envisage même de "doubler, tripler".

Ou encore l'interdiction des licenciements "mesure d'urgence", "un salaire jusqu'à la mort" avec ce financement expéditif "les profits qu'on pourrait enlever à ceux qui accaparent des milliards". Sur les sujets internationaux, Nathalie Arthaud a maintenu ses propos comparant Gaza à "un camp de concentration, une prision à ciel ouvert"

La difficulté: Interrogée sur l'orientation politique de l'enseignement en économie qu'elle dispense au lycée, Nathalie Arthaud a joué la carte de la comparaison avec les journalistes: "Je vous rassure quand je suis au travail je travaille et quand je défends mes idées politiques, je défends mes idées politiques, je fais exactement comme vous, je reste neutre, objective." Et de sourire: "Nicolas Sarkozy c'est pas l'alpha et l'omega et il n'est pas encore au programme."


• Jean-Luc Mélenchon

L’enjeu: Arracher la troisième place. Après une forte progression dans les sondages qui le placent au coude-à-coude avec Marine Le Pen autour de 13-14% d’intentions de vote, le candidat du Front de Gauche rêve ouvertement de battre le Front National et cherche donc à maintenir le souffle de sa campagne. Alors que les derniers sondages notent un léger recul.

La phrase"Je ne peux pas vous cacher que j'ai plaisir à voir que ce que nous avons entrepris rencontre une telle audience."

L’attitude: Entre maîtrise et grandes tirades. Jean-Luc Mélenchon a alterné grandes envolées, coups à ses adversaires et piques contre les journalistes. Le leader du Front de Gauche a d'abord balayé le culte de la personnalité dont il ferait l'objet : "Les gens qui viennent là ne viennent pas admirer un bonhomme, vous savez pourquoi ils s'évanouissent c'est parce qu'il fait une chaleur épouvantable et qu'ils sont serrés comme des rats." Puis prôné "une assemblée nationale constituante" pour mettre en place "la VIème République", la sortie du Traité de Lisbonne et de l'OTAN.

Avant de se réjouir de la pression qu'il pourrait faire peser sur la gauche si son score dans les sondages se confirmait: "Ceux qui croyaient qu'on était la gauche folklorique, sans contenu, [...] que le rouge était à ranger au placard, tout ça c'est terminé, nous sommes là!" S'emportant même reprenant une information de Mediapart: "La finance internationale va attaquer la France le 16 avril prochain, [...] nous entrons dans la saison des tempêtes et on verra qui a une stratégie contre la finance."

La difficulté: Interrogé sur sa position vis à vis de François Hollande, Jean-Luc Mélenchon a rétorqué : "Chaque fois qu'il prend une bonne idée dans mon programme, j'applaudis des deux mains et je lui dit je te donne tout le programme, il peut me passer devant s'il reprend mon programme." 

 

Salomé Legrand et Christophe Rauzy

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