Sarko est mécontent de l’Obs. Très mécontent.

Publié le par Gérard STEPHAN

"Making of"

Le Nouvel Obs comme il se fait

Auteur : LAURENT JOFFRIN
Vendredi 13 octobre 2006 - Laisser un message à Laurent Joffrin cliquez Imprimer cet article

La colère de Sarkozy

Sarko est mécontent de l’Obs. Très mécontent est mécontent de . Très mécontent. Il nous le fait savoir par divers canaux, avec une franchise brutale, selon le style qu’il affectionne dans ses rapports avec la presse. par divers canaux, avec une franchise brutale, selon le style qu’il affectionne dans ses rapports avec la presse.

est mécontent de . Très mécontent

Insupportable pression ? Manœuvre d’intimidation ? Nous ne le prenons pas comme cela. Après tout, contrairement à ce qui se dit partout, les journalistes prennent peu de gants avec les hommes politiques.

Ils visent leurs points faibles, ils fouillent leur vie, ils scrutent leur moindre faux pas et frappent sans vergogne dès qu’il mettent genou à terre. Ces têtes de Turcs ont bien le droit, de temps à temps, à une riposte. C’est le jeu. A nous de ne pas céder.
Les raisons de l’ire du ministre ? Une série d’articles sur son action et sa personne, qu’il interprète comme une campagne systématique. Et surtout un récit détaillé de ses démêlés conjugaux paru il y a quelques semaines.


Sur le premier point, c’est un fait que nous sommes en désaccord avec la politique menée place Beauvau.

 Il nous semble, par exemple, que le thème de l’immigration, ô combien sensible, est agité par lui avec trop d’ostentation pour ne pas procéder d’un calcul électoral lié à la force de l’extrême-droite au premier tour. Il ne s’ensuit pas que l’attitude à adopter vis-à-vis des sans-papiers ou des squatters de Cachan soit aussi simple qu’on le lit dans la presse de gauche.

Mais enfin, Jospin avait su trouver en cette matière un équilibre que Sarkozy a rompu… Telle est la critique. Légitime débat.

En revanche, nous reconnaissons volontiers qu’une censure automatique de l’action du président de l’UMP dénoterait au bout du compte de la simple mauvaise foi. Si Sarkozy dit qu’il fait jour à midi, nous n’allons pas proclamer qu’il fait nuit. Et s’il engrange un succès, pourquoi tordre le nez ?


Sur le second point, nous reconnaissons volontiers que notre incursion dans la vie privée du ministre fait reculer la limite que nous nous étions jusque là fixée. On peut comprendre le courroux sarkozien. A deux nuances près, toutefois. Nicolas Sarkozy, avant et après ses difficultés de couple, a consciemment organisé la mise en scène de sa vie privée, à des fins manifestement politiques. Il se réclame des limites nécessaires.

Fort bien. Mais qui les a brouillées ? Et surtout, une fois connue par la confession même du premier intéressé, l’affaire Cécilia, malgré qu’il en aie, est une affaire politique. Jeune femme forte et intelligente, madame Sarkozy jouait, joue encore, un rôle public. Au nom de quoi jeter sur ses tribulations le manteau de Noé ? Le lecteur, le citoyen, ne manqueraient pas de s’en étonner. Que n’avons-nous pas entendu pour avoir dissimulé, par respect de la règle traditionnelle sur la vie privée, l’existence de la jeune Mazarine ? Il fallait donc parler de Cécilia, ce que nous avons fait, à nos risques et périls.

Exercice délicat qui demande précision et tact. Mais exercice nécessaire dans une démocratie moderne


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