Ouverture d'une enquête sur Lagarde: «une victoire pour l'indépendance de la justice»
La Cour de justice de la république (CJR) a ouvert une enquête sur la responsabilité de Christine Lagarde, l'ancienne ministre de l'Economie dans l'affaire Tapie. Charles de Courson a porté le fer contre les décisions du gouvernement depuis le début de l'affaire Tapie. Le député Nouveau Centre de la Marne et vice-président de la Commission des finances de l'Assemblée nationale s'est notamment insurgé contre le recours à un tribunal arbitral pour une affaire de droit interne, où l'Etat est impliqué.
L'ouverture d'une enquête par la Cour de justice de la république contre Christine Lagarde est-elle une première victoire pour vous dans ce dossier?
C'est une très bonne nouvelle. Ce renvoi permettra enfin à une juridiction de traiter l'affaire Tapie. A titre personnel je me suis battu sur cette affaire depuis 1993. Mais c'est d'abord une victoire pour l'indépendance de la justice. Le recours à un tribunal arbitral pour juger l'affaire Tapie était une privatisation de notre justice. C'était une marque de la défiance de notre propre gouvernement envers les juges.
C'est aussi une victoire pour la souveraineté de notre Parlement. Le recours à l'arbitrage était complètement illégal dans ce cadre. Mais le Parlement n'a jamais été consulté dans cette affaire. Enfin, c'est une preuve de la bonne gestion des fonds publics. On a accordé 45 millions de préjudice moral aux époux Tapie. C'est une somme démesurée, jamais vue dans ce genre d'affaire. Ça n'avait jamais dépassé un million d'euros.
Christine Lagarde a-t-elle agi de sa propre initiative ou Nicolas Sarkozy est-il impliqué?
La question a été posée à Mme Lagarde lors de son audition devant la commission des finances. Elle a affirmé avoir agi seule. Ça a fait sourire les membres de la commission. Il s'agissait d'une réponse conventionnelle.
La probabilité qu'elle ait agi seule est très faible. Toute personne qui a un peu d'expérience gouvernementale sait que ce genre de décision se prend en concertation avec le Premier ministre, son cabinet ou bien directement avec l'Elysée.
Maintenant, Christine Lagarde dément. La question va lui être à nouveau posée lors de l'enquête pour savoir si elle a reçu des consignes écrites ou orales.
Que peut-il se passer maintenant, notamment pour Christine Lagarde à la tête du FMI?
Pas grand chose pour Mme Lagarde. Cette affaire ne retire rien à ses grandes compétences qui lui ont permis d'accéder à ce poste. Et jusqu'à preuve du contraire, elle bénéficie de la présomption d'innocence. L'affaire en elle-même pourrait être jugée d'ici un an. Ce dont je rêve c'est que le Conseil d'Etat déclare recevable un recours en annulation de l'arbitrage en faveur de M. Tapie. Mais un tel recours ne peut être déposé que par le gouvernement. Malheureusement je ne vois pas le gouvernement actuel faire cela