le pull-over rouge.

Publié le par Gérard



Ranucci est-il coupable du meurtre de la petite Marie-Dolorès Rambla, 8 ans, le 3 juin 1974 à Marseille ou est-il monté par erreur sur l'échaffaud le 28 juillet 1976 ? Avant que le couperet ne tombe sur sa nuque, les derniers mots lancés par ce garçon de 22 ans à ses avocats seront : "réhabilitez-moi" ! Trente ans après, des doutes existent toujours sa culpabilité. Mais pour la première fois, l'affaire pourrait être relancée. Alors que l'on croyait toutes les pièces à conviction détruites ou égarées depuis longtemps, Marseille l'Hebdo affirme, mercredi, avoir retrouvé le fameux " pull-over rouge ", découvert deux jours après le crime dans une champignonnière, à quelques mètres du corps de la fillette.


"Selon nos informations, il est conservé depuis 1976 au greffe de la cour d'assises d'Aix-en-Provence ",
explique le journaliste Fred Guilledoux. Une découverte qui pourrait se révéler essentielle grâce aux progrès de la science. "Si l'ADN de Ranucci se trouvait sur le pull, analyse l'hebdomadaire, cela conforterait sa culpabilité, puisque les enquêteurs ne lui avaient pas fait enfiler. S'il ne s'y trouvait pas, cela renforcerait la thèse d'un autre homme, puisqu'il semble que le chien qui a repéré le corps de Marie-Dolorès ait pris la piste à partir de ce vêtement ". Maître Jean-François le Forsenney, avocat de Ranucci à l'époque des faits est moins tranché dans son analyse (lire itw en pièce jointe) "Ce vêtement a été extrêmement manipulé durant l'enquête et à l'audience. On l'a même fait essayer à Ranucci pour voir si ça lui allait, explique-t-il, contrairement à ce que dit le journal. Cet essai avait d'ailleurs démontré que le pull ne lui allait pas. "Donc, de l'ADN de Ranucci sur le pull-over n'en fera pas forcément le propriétaire, poursuit-il. Ensuite, si on trouvait des ADN étrangers, il faudrait se préoccuper de savoir s'il ne s'agit pas de ceux du gendarme untel ou du greffier untel. C'est un travail qui me paraît complexe".

Analyse ADN : "c'est jouable"

La justice acceptera-t-elle de faire analyser le scellé retrouvé ? L'état de conservation du pull-over permettra-t-il de faire des analyses fiables ? "Je pense que c'est jouable, répond dans Marseille Hebdo Sylvie Frackowiak, responsable du département biologie du Laboratoire de police scientifique de Marseille. Bien sûr, tout dépend de l'état de conservation : il faut que ce soit un scellé fermé, que le pull n'ait pas trop été manipulé ni qu'il ait été emballé humide, auquel cas il serait désormais en trop mauvais état ". Contacté par l'afp, l'avocat général de la cour d'appel Bertrand Charpentier a confirmé la présence du pull. Mais il a souligné qu'il avait été manipulé à de multiples reprises pendant des décennies et qu'étant "un scellé ouvert", il n'était pas à l'abri.

Pour procéder aux tests, s'ils étaient envisageables, il suffirait de faire un prélèvement sur les parents de la fillette et de Ranucci. Les traces ADN éventuellement présentes sur le pull pourraient également être comparées à l'ADN de Michel Fourniret. Le 19 janvier dernier, Le Soir, un quotidien belge, révélait que des enquêteurs belges avaient établi que le tueur en série avait passé des vacances près de Marseille l'année du meurtre de Marie-Dolorès. Le jour même, l'information était toutefois démentie par le procureur de Charleville-Mézières, Francis Nachbar : "aucun élément sérieux, le plus ténu soit-il, ne permet d'accréditer de telles informations ou rumeurs". Quelques jours plus tard, le quotidien régional "La Provence " affirmait quant à lui détenir des photos d'archives de l'ouverture du procès de Ranucci à Aix-en-Provence sur lesquels figure le tueur en série présumé. Possible ou pas, "parlant" ou pas, ce test ADN sur le pull-over rouge ne manquera pas de reveiller une nouvelle fois les douleurs les plus profondes des acteurs intimes de ce drame.

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