Borloo l'imprévisible laisse ses soutiens orphelins ..

Publié le par Gérard

Par , publié le 03/10/2011 à 12:08

 
Borloo l'imprévisible laisse ses soutiens orphelins

Laurent Hénart, député de Meurthe-et-Moselle et secrétaire général du Parti radical au côté du président du Parti Radical, Jean-Louis Borloo.

AFP


L'ancien ministre de l'Environnement renonce à être candidat en 2012. Passée la stupeur, ses proches ont la gueule de bois. 


Sale dimanche pour les militants et élus de l'Alliance républicaine, écologique et sociale (Ares)! Avec le retrait de la candidature de Jean-Louis Borloo, la campagne s'est achevée avant même de commencer. Ils n'ont pas eu leur mot à dire. Jean-Louis Borloo a décidé pour eux. Même les membres du premier cercle l'ont appris dimanche soir.  

Privilégiés, Rama Yade et Laurent Hénart ont eu le droit à un coup de fil. Quelques minutes après l'annonce de Jean-Louis Borloo, ce dernier confiait toutefois à LEXPRESS.fr: "Je pensais qu'il irait au bout. J'ai appris ce soir son retrait. Je suis déçu mais combatif." 


Certains peuvent se sentir trahis 

"Déçu", c'est sans aucun doute un euphémisme pour les membres du premier cercle. Sur Twitter, ce lundi matin, Jean-Christophe Lagarde, président exécutif du Nouveau centre, tentait l'humour: "BORLOO sera donc notre Delors à nous. Par chance, il n'a pas de fille à nous refiler en échange..." D'autres l'ont plus mauvaise. "Certains peuvent se sentir trahis", disait ainsi Jean-Marie Bockel, président de la Gauche moderne, membre fondateur de l'Ares, dimanche soir sur I-Télé. D'autant que l'entretien sur le plateau de TF1 avait commencé à se caler dès vendredi et que l'Elysée semblait au courant depuis les sénatoriales de ce retrait.  


L'UMP se frotte les mains

L'amertume est d'autant plus grande que tous ont quitté l'UMP pour se lancer dans l'aventure borlooïste. Certains ont perdu leur mandat en se lançant dans des candidatures dissidentes. Les portes du Sénat se sont ainsi refermées au nez de Jean-Paul Alduy (Pyrénées-Orientales) et d'Yves Jégo (Seine-et-Marne). Rama Yade a, elle, gagné le droit de se ridiculiser, en annonçant la candidature de son poulain, mardi dernier sur le plateau du Grand Journal.

 

Pour sa défense, elle n'est pas la seule. En avril dernier, Laurent Hénart plaçait une grande confiance en la candidature de Jean-Louis Borloo: "Le risque qu'il nous lâche en cours de route est extrêmement faible."  


Je crois que je suis pratiquement prêt... 


Tous les voyants étaient passés au vert ces dernières semaines. Les cadres du parti radical se démenaient pour bâtir un programme présidentiel depuis plusieurs mois. Un livre-programme était prévu. Le 7 septembre dernier, sur France 2, Jean-Louis Borloo s'était montré clair: "Je crois que je suis pratiquement prêt." Quelques jours plus tard, des dizaines de militants avaient relancé Oxygène, association qui l'avait aidé à conquérir Valenciennes dans les années 90.  


L'enthousiasme a changé de camp. Aujourd'hui, c'est à l'UMP qu'on se frotte les mains, particulièrement chez les détracteurs de l'ancien ministre de l'Environnement, qui l'avaient, notamment, affublé du surnom de "Bordeloo" pour moquer son instabilité chronique. Un dirigeant politique, en contact régulier avec le chef de l'Etat, racontait ainsi il y a quelques semaines le moment où Borloo avait failli devenir Premier ministre, en novembre 2010: "Lorsque Sarkozy a voulu le nommer à Matignon, tous les cadres de la majorité ont fait la queue à l'Elysée pour dire tout le mal qu'ils pensaient de lui. Juppé a même menacé de ne pas entrer au gouvernement si Borloo était Premier ministre." 


Les manoeuvres de l'Elysée

Ce retrait de la course présidentielle huit mois avant le scrutin ne fera évidemment que renforcer cette image de dirigeant instable. D'autant que les raisons avancées par Jean-Louis Borloo, sur le plateau de TF1, n'éclairent pas plus ce retrait surprise. La montée du populisme? Il est tôt pour mesurer le niveau électoral de Marine Le Pen en avril 2012. L'éclatement des centres? Jean-Louis Borloo était justement celui qui avait le plus de chances de les fédérer.  


Jean-Louis, c'est un mec normal 

Reste la peur de se lancer dans une campagne présidentielle. Le camp Borloo se méfiait déjà avant l'été des manoeuvres de l'Elysée pour discréditer leur candidature. Est-ce pour cela que l'ancien ministre a évoqué "le climat délétère, le climat des affaires" sur TF1? Craignait-il certaines boules puantes? 


"Vous avez vu le début de campagne? C'est un combat de catch dans la merde. Vous connaissez un mec normal qui veut barboter là-dedans? Jean-Louis, c'est un mec normal", racontait Dominique Riquet, successeur de Borloo à Valenciennes, au Monde.  

Contrairement à François Hollande, cet autre mec normal ne voulait finalement pas être président de la République. Tout simplement.  

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article