Echangisme : le club des Chandelles en berne ...

Publié le par Gérard

RécitTrop d’escort girls se faisant passer pour des libertines ? La Mondaine a convoqué la patronne de cette boîte parisienne, qui va être fermée temporairement.

 

Par PATRICIA TOURANCHEAU

Capture d'écran du site des Chandelles. (DR)

 

Le «réveillon de princesse»aux Chandelles, le club échangiste le plus coté de la capitale, n’a finalement pas été sabré par la police. Malgré un parfum de prostitution dans les «boudoirs érotiques», l’établissement très chic et coquin de Madame Valérie reste ouvert pour les fêtes de fin d’année. La brigade de répression du proxénétisme a réclamé la fermeture administrative de ce club sis 1, rue Thérèse (Ier arrondissement) à la préfecture de police qui, «pour des considérations d’opportunité et de procédure», l’a reportée au mois de janvier : «On les laisse faire la saison», dit un ponte. Suspecte de «tolérance», la patronne Valérie Hervé, 44 ans, est convoquée la semaine prochaine par la «Mondaine» puis par le directeur de cabinet du préfet qui prononcera la sanction. Mais la dame étant bien sous tous rapports, «inconnue des services de police», «le trouble à l’ordre public» pas si manifeste et l’établissement «très bien fréquenté», les Chandelles ne risquent a priori qu’un mois de fermeture. Afin de ne pas nuire aux nuits parisiennes et à ses illustres clients : «Ce n’est pas une boîte à voyous, c’est le club de DSK, raille un enquêteur, de la jet set et du show-biz, d’avocats et de magistrats, de patrons et d’hommes d’affaires, mais aussi de Russes qui viennent avec des escort girls.»


DSK persona non grata

 Si Thierry Ardisson ou Frédéric Beigbeder n’ont jamais fait mystère de soirées libertines aux Chandelles, Dominique Strauss-Kahn l’a longtemps caché avant d’être démasqué. Depuis le scandale de New-York, DSK est persona non grata dans ce club du Palais Royal, a décrété la tenancière dans une interview unique au Bonbon nuit le 16 juin. Interrogée par ce fanzine pour noctambules sur les mœurs sexuelles de DSK et de Berlusconi, Valérie Hervé stigmatise alors «le recours à la violence pour assouvir leurs pulsions» et la «drague pressante» qu’elle appelle «du harcèlement». Elle croit savoir que l’Italien «se paye des prostituées» : «Je n’ai évidemment pas trouvé ça génial en tant que femme. J’estime que si elles font ça, c’est qu’elles n’ont pas le choix pour vivre correctement.»


«intolérables soupçons.» Six mois plus tard, la tenancière est soupçonnée d’avoir «fermé les yeux» sur les activités de prostituées de luxe aux Chandelles avec des messieurs, des «accompagnatrices rémunérées» pour des hommes seuls, obligés d’entrer en couple. Nathalie, une amie très proche, confie à Libération que «Valérie se sent blessée, effondrée, par ces intolérables soupçons pour elle qui a toujours protégé les femmes et milite dans une association féministe».

 

Les ennuis sont arrivés par une enquête de proxénétisme ouverte le 8 septembre sur l’ancien footballeur professionnel Alim Ben Mabrouk, du Matra Racing de Paris et de l’Olympique lyonnais ayant «monté un petit réseau d’escort girls avec deux nanas qui lui servent de bras droits et recrutent des filles puis les envoient à des patrons pour des dîners d’affaires, ou à des clients connus et friqués pour les accompagner à des soirées», explique un policier, «dans des appartements, des hôtels ou des établissements», comme les Chandelles.

Les surveillances ont montré que «les véritables couples libertins viennent plutôt le week-end» mais que «sur la semaine, des hommes viennent dans ce lieu idoine avec des escort girls, pour éviter de payer une chambre d’hôtel». L’ex-footballeur Alim Ben Mabrouk aurait amené ses «filles» en semaine au club. Ainsi, les «déjeuners scandaleux» tous les jeudis, les «voluptés nocturnes» du mardi au vendredi avec dîner aux Chandelles en guise de préliminaires, les cinq-à-sept coquins paraissent plus ludiques dans les boudoirs feutrés et les salons plus ou moins fermés ou «exhib». Et ce n’est pas l’apanage de ce lieu libertin. Sur un blog consacré à l’Overside, un autre club échangiste, Canelle78 qui, «déçue par les Chandelles» a changé de crémerie, apprécierait toutefois «une sélection un peu plus rigoureuse pour les femmes». Et Harry75, venu une fois en couple en février à l’Overside, évoque sans ambage des prostituées : «La sélection n’a pas été très importante ce soir-là à l’entrée du club et pour cause : beaucoup d’hommes avec des "accompagnatrices rémunérées" avec peu de classe…»


«Y a pas à tortiller»

Les Chandelles, «l’adresse mythique de la nuit crazy parisienne», n’aurait pas échappé à cette dérive, si l’on en croit la police parisienne ayant repéré des escort girls d’Alim Ben Mabrouk et de ses deux «adjointes», qui ont été mis en examen pour «proxénétisme aggravé». Entendue par la brigade de répression du proxénétisme, Valérie Hervé qui a créé les Chandelles en 1993 avec son ex-mari et les tient seule depuis six ans, a échappé aux poursuites pénales. La patronne soutient qu’elle n’était «pas souvent là» et qu’elle n’était «pas au courant».

 

Or, des portiers et barmaids auraient indiqué aux flics l’avoir «mise en garde» sur des créatures n’ayant pas le profil de bourgeoises libérées : «La même nana qui vient trois fois par semaine avec un homme différent, soit elle a de gros besoins, soit elle est escort girl, y a pas à tortiller ; la patronne a forcément vu car ses employées ont même essayé de prendre un peu d’argent en récupérant leurs numéros de portable», assène un commissaire. Valérie Hervé se dit «étrangère à cette histoire» et affirme n’avoir «rien à se reprocher» mais il lui paraît «intolérable d’être accusée de ce pourquoi elle s’est battue de toutes ses forces», rapporte sa copine et cliente Nathalie.

 

La patronne des Chandelles a «toujours défendu les femmes et veillé à ce qu’elles ne soient pas soumises aux hommes et y compris dans les couples mariés, qu’elles ne vivent pas le libertinage sous la contrainte. La sélection est terrible. C’est ainsi qu’elle a fait de son établissement l’un des plus prestigieux au monde. Quand elle repère un homme qui se comporte mal ou un faux couple, c’est l’exclusion définitive.» A croire que Madame Valérie a manqué cette fois de sagacité.

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