Tigana sur le départ malgré la victoire face à Auxerre .

Publié le par Gérard

La nette victoire des Girondins hier soir met fin à une semaine agitée. Mais ne devrait néanmoins pas empêcher Jean Tigana de quitter son poste dès demain….

 Jean Tigana (à gauche) sur le banc, à côté d'Eric Bedouet et Dominique Dropsy, mais bien seul au fond. photo thierry david
Jean Tigana (à gauche) sur le banc, à côté d'Eric Bedouet et Dominique Dropsy, mais bien seul au fond. photo thierry david

Il va partir… sur une victoire. Le succès, net et sans bavure contre une équipe d'Auxerre d'une terrible faiblesse, devrait marquer les adieux de Jean Tigana aux Girondins de Bordeaux. Le conditionnel reste encore de rigueur puisqu'aucune annonce officielle n'avait été communiquée hier soir après le match, mais tous les signes, et ils étaient nombreux, penchaient pour un départ.

 

Une séparation que l'entraîneur bordelais a déjà annoncée à ses proches, a priori pas au vestiaire, et qui devrait être confirmée lundi lors d'une conférence de presse en présence de Nicolas de Tavernost, le patron de M6, propriétaire du club. Pour le président Jean-Louis Triaud, si l'actionnaire principal du club se déplace, c'est surtout pour faire part aux joueurs de son mécontentement après la défaite à Lorient (5-1). « Pour moi, il n'y a pas d'autre sujet. La question (du départ de Tigana, ndlr) n'est pas d'actualité ».

 

Lugubre sur le banc

Elle l'était pourtant dès le coup de sifflet final hier soir. Pendant la rencontre, l'attitude de Tigana avait déjà interloqué sur le banc de touche, où il était assis à côté d'Eric Bedouet en l'absence de Michel Pavon qui a « pris du recul » avec son rôle d'adjoint dans la semaine. Un banc dont il ne s'était levé que pour ordonner ses trois changements. Sur les buts de Diarra, Modeste et Plasil ? Il n'a pas bougé un cil. En conférence de presse aussi, il a bien caché sa joie d'avoir gagné. Autant il était apparu détendu jeudi, comme souvent quand il se sent attaqué, autant hier il affichait une mine sombre malgré la victoire. « C'est dans sa personnalité, peut-être pour vous tenir en haleine », tentait Triaud.

 

Mais Tigana lui-même avait donné des pistes un peu plus tôt, en renvoyant à lundi toutes les réponses aux questions qui concernaient son avenir. « Je n'ai aucun problème, aujourd'hui (ndlr, hier). Si je veux continuer ? C'est une bonne question, on verra lundi ».

 

S'il a choisi de partir, sauf revirement demain sous une éventuelle pression de ses dirigeants, c'est parce que Tigana a compris à Lorient que la rupture était définitivement consommée avec ses joueurs. Ce n'est pas la première fois qu'il s'est senti « lâché » par son groupe cette semaine, mais c'était sûrement la fois de trop. Fatigué, usé par une saison « qu'(il) savai(t) difficile en arrivant, mais n'imaginai(t) pas autant » a-t-il répété dans la semaine, il va jeter l'éponge, tirant un constat d'impuissance déjà esquissé jeudi lors de son point presse hebdomadaire : « Pourquoi je n'arrive pas à influer le comportement des joueurs ? C'est une bonne question… » De bonnes questions en bonnes questions, Tigana (55 ans) ne laisse finalement plus planer le doute.

 

Sentiment d'être lâché

L'ancien milieu de terrain international partira sur une victoire mais un sentiment général d'échec. Il était revenu à Bordeaux, où il avait connu ses plus grandes heures de joueurs (trois titres de champion et deux coupes de France entre 1981 et 1989), pour boucler la boucle. Mais il a vite compris que ce qu'il a maladroitement appelé « l'héritage » de six derniers mois catastrophiques sous la direction de Laurent Blanc serait un fardeau trop lourd à porter.

 

La mayonnaise n'a finalement jamais pris avec les joueurs qui lui reprochaient son comportement trop distant et son manque de communication. La mésentente avec son adjoint Michel Pavon, qui a préféré jeter l'éponge le premier, n'a pas aidé. Les erreurs de casting et de diagnostic de ses dirigeants sur la qualité d'un groupe en bout de course après avoir dominé le football français en 2009 sont les autres grandes causes d'une dégringolade qui semble sans fin.

 

Comme entraîneur, il aura donc gagné partout où il est passé sauf à… Bordeaux où son bilan (10 victoires, 10 nuls, 9 défaites), soit à peine un tiers de succès alors que sa moyenne durant toute sa carrière de coach est de 47 %.

 

Pour le remplacer, comme nous l'évoquions dans notre édition de vendredi, le favori reste Rolland Courbis dont ce serait le deuxième retour après deux séquences (1992-94, 1996-97). Ce qui reste encore à confirmer demain, au Haillan.

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