Malgré une évolution, les salariés sont jugés "âgés" bien avant la retraite

Publié le par Gérard

Manifestation d'exploitants agricoles le 11 mai 2010 à Laon pour réclamer une retraite décente.
AFP/FRANCOIS NASCIMBENI
Manifestation d'exploitants agricoles le 11 mai 2010 à Laon pour réclamer une retraite décente.
 

 

Alors que le projet de réforme des retraites par le gouvernement entre dans le vif, mardi, deux études du ministère du travail indiquent que le regard porté sur les employeurs sur les salariés en fin de carrière évolue lentement. Malgré des progrès depuis dix ans, les salariés restent considérés comme "âgés" par les employeurs "bien avant l'âge de la retraite" (58 ans et demi en moyenne) et la formation continue diminue après 50 ans, indiquent deux études [L'opinion des employeurs sur les seniors : les craintes liées au vieillissement s'atténuent et Emploi des seniors, pratiques d'entreprises et diffusion des politiques publiques] du ministère de l'emploi (Dares) publiées vendredi 3 septembre.

 

58 ans et demi correspond à l'âge moyen à partir duquel les employeurs considèrent les salariés de leur établissement comme "âgés", selon une enquête menée en 2008 sur la Gestion des salariés de 50 ans ou plus (EGS50+). Cet âge est "bien inférieur à l'âge minimal légal de départ à la retraite dans le secteur privé (60 ans) ainsi qu'à l'âge moyen de liquidation de la retraite dans le secteur privé (61,5 ans en 2009)", souligne la Dares. Les trois quarts des employeurs ont accepté de répondre à cette question qui appelait une réponse spontanée, 17 % ont refusé et 8 % se sont dits sans opinion. En 2001, "66 % des employeurs considéraient qu'on était "âgé" avant 55 ans, contre 44 % en 2008, et 91 % considéraient qu'on était "âgé" avant 60 ans contre 86 % en 2008", a précisé la Dares. Ces évolutions s'inscrivent dans un contexte de vieillissement rapide de la main d'œuvre : au nombre de 6,3 millions en 2008, les salariés de 50 ans et plus représentent 24,3 % de l'emploi total, contre 4,7 millions en 2000 (20,5 %). Ce vieillissement est lié à l'arrivée à la cinquantaine des générations nombreuses du baby-boom. Seules 13 % des entreprises se préoccupaient de la question du vieillissement au début de la décennie 2000, rappelle l'étude. Par ailleurs, depuis le début de la décennie, les mesures se multiplient pour tenter de favoriser le maintien en emploi des seniors.

 

L'analyse de la pyramide des âges est intégrée à la gestion de davantage d'établissements (36 % en 2008, contre 25 % en 2001). Interrogés sur ce vieillissement, 70 % des responsables estiment que ce sera positif en terme d'expérience et de transmission des savoirs-faire. Les craintes exprimées concernent principalement les coûts salariaux, la productivité du travail et les perspectives de carrière pour les plus jeunes mais elles "s'atténuent" selon la Dares. L'âge demeure un facteur discriminant dans l'accès à la formation. En 2006, 44 % des salariés accédaient à une formation, contre 34 % pour les seniors (38 % pour les 50-54 ans, 31 % pour les 55-59 ans et 24 % pour les 60-64 ans). Par ailleurs, si la majorité des établissements (57 %) a formé des salariés en 2007, seulement une minorité (37 %) a formé ses seniors. La Dares livre aussi un chiffre éloquent sur les difficultés pour se faire embaucher après 50 ans. En 2007, 18 % des établissements ont recruté au moins un senior tandis que 81% ont recruté au moins un salarié. L'écart a peu évolué depuis 2000, avec respectivement 24 % et 91 %. Lorsqu'ils sont recrutés, les seniors le sont "pour leurs compétences spécifiques", parfois aussi "pour leur meilleure connaissance du monde du travail", selon la Dares.

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