La politique sécuritaire met-elle la République en danger ?.
Deux anciens premiers ministres et une députée européenne se positionnent dans le débat qui fait suite au discours de Grenoble du président de la République. Il s'y était prononcé pour la déchéance de la nationalité pour certains criminels d'origine étrangère et le renforcement des mesures d'expulsion contre les Roms.
"De la lutte contre l'insécurité à l'indignité nationale, (…) il aura suffit d'un discours", déplore Dominique de Villepin. Se référant à l'article premier de la Constitution française, l'ancien premier ministre dénonce "une faute morale.""La stratégie de la tension adoptée par le chef de l'Etat est dangereuse pour le pays", ajoute Lionel Jospin. "Ce n'est pas la proposition [du président de la République concernant l'extension de la déchéance de la nationalité française] mais le débat qui s'en est suivi qui n'a pas été sain, précise Rachida Dati. Je regrette que certains aient pu se laisser aller à un amalgame entre immigration et délinquance."
L'"échec en matière de sécurité", le gouvernement tente "d'en rejeter la responsabilité sur d'autres", analyse Ian Brossat, président du groupe PCF-PG au conseil de Paris. "Dans cette vaste entreprise, (…) deux catégories semblent occuper une place de choix : les maires de gauche et les mères de famille".
Quant à la déchéance de nationalité, le psychanalyste Hervé Hubert la juge "fort justement critiquée au nom du principe d'égalité entre citoyens français, le mot déchéance indiquant une privation de droit. (…) Il est, selon lui, nécessaire de réfléchir à l'invention d'une nouvelle garantie républicaine".
Dans "Le grand débat" du "Monde", l'historien et politologue Patrick Weil explique que la tâche des dirigeants du pays est d'abord d'incarner et de faire vivre les valeurs universelles, les quatre piliers de la nation que sont : le principe d'égalité, la langue française, la mémoire de la Révolution et la laïcité.
Mais, "rien, dans le festival des mesures tape-à-l'œil et dans le contre-festival des invectives, ne laisse présager une amélioration du sort des populations nomades", affirme le philosophe André Glucksmann. (…) Pourvu que ne se prolongent pas des ébats et débats, qui, droite et gauche mêlées, couronnent Paris dérisoire capitale de la dérision".
Enfin, selon Olivier Hassid, " il devient urgent si ce n'est trop tard de penser autrement le défi sécuritaire qui se présente à la France.
N'oublions pas, rappelle Olivier Peyroux, que derrière la politique-spectacle, des enfants roms sont victimes d'exploitation.