La panique gagne le sommet de l'Etat

Publié le par Gérard

« Dites-moi, on fait quoi maintenant ? Comment on sort de ça ? » Depuis mardi, à l’Élysée et dans les ministères, la stupéfaction a laissé place à l’effarement, voire à la panique. « On est chez les fous », lâche un ministre à la lecture des informations du Monde sur les relations de Jérôme Cahuzac avec des anciens du GUD. La mise en cause du trésorier de la campagne de François Hollande, Jean-Jacques Augier, dans le cadre des “offshoreleaks”, a été un coup de massue de plus.

 

« Oui, c'est un choc qui appelle nécessairement des décisions », a affirmé jeudi le chef de l’État en visite au Maroc, répondant à une question sur l’aveu de Jérôme Cahuzac. « Nous avons besoin de continuer la moralisation de la vie politique et même de la vie économique », a-t-il ajouté, éludant les questions sur un éventuel remaniement.

 

 

Ces jours-ci, cabinets, conseillers et ministres n’ont pourtant que l’affaire Cahuzac en tête. Mercredi matin, quelques parlementaires du courant Hollande se retrouvent pour une réunion. Même le ministre Stéphane Le Foll, fidèle lieutenant de François Hollande, d'habitude éternel optimiste, lors des péripéties hollandaises à la tête du PS, accuse le coup.

 

Un conseiller de ministre délégué confie le désarroi élyséen : « Hollande est dans une grande colère, très froide. » Le message est passé : « Hors de question d’épargner Cahuzac, il nous a enfoncés pendant trois mois en mentant à tout le monde, il faut l’accabler tant qu’on peut ! » dit un hiérarque du PS.

 

Certains laissent éclater leur colère. « Mais c’est un comportement clanique ! Ils ont laissé faire. Puis Jérôme Cahuzac les a lâchés, brutalement. Leur sidération est totale. Ils se retrouvent nus », lance un jeune collaborateur. D’autres sont au bord des larmes. « Des années de militantisme pour en arriver là… » 


À l’Assemblée, le bureau qui devait accueillir le député Cahuzac a déjà été attribué à l'un de ses collègues. Depuis ses aveux, celui qui les prenait à part un par un pour les assurer de son innocence, « les yeux dans les yeux », les a inondés de SMS où il implore leur « pardon ». En vain. « Ça y est, on y est. On a touché le fond, dit un élu en colère. Ce week-end, en circonscription, on va se faire jeter des pierres. »


Après la stupeur, les députés refont le film. L’argent du compte en Suisse provient-il de l’activité de Jérôme Cahuzac comme chirurgien capillaire, de ses activités de lobbyiste auprès des laboratoires pharmaceutiques, ou même d’ailleurs ? En aparté, beaucoup se posent la question. Ils revoient l’histoire du PS en accéléré, se remémorent ces années 90 ou les circuits de financement politiques étaient opaques. « Ce sera à la justice de faire toute la lumière. Tout le monde est dans le doute et moi le premier, raconte Yann Galut. Ça peut être de l’argent personnel, de l’argent du financement politique à une autre époque. »


Mercredi, lors de la réunion du groupe PS, un Ayrault sonné a invité ses troupes « à ne pas avoir des têtes abattues ». « Serrons-nous les coudes », a lancé le premier ministre. Certains députés sont montés au créneau pour vider leur sac, comme le girondin Vincent Feltesse. « J’aurais jamais pensé à ça en m’engageant en politique, jamais », se lamente un parlementaire. Premier fédéral du PS dans son département, il s’attend à des désertions en masse. « La République vacille, constate Olivier Faure, proche de Jean-Marc Ayrault. Un ministre a proféré un mensonge inadmissible. Il a commis un délit et un parjure. Maintenant, il faut y répondre, mais pas par une pirouette. »

 

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