L'affaire Christian Ranucci Dossier de Pascal Michel - Page 3/3

Publié le par Gérard

Ranucci-original.jpg







Instruction bâclée


Plusieurs éléments laissent à penser que l'instruction de cette affaire ne s'est pas déroulée avec toute l'impartialité demandée par les textes de loi.

Le juge d'instruction Ilda di Marino n'a entendu Christian Ranucci que cinq fois dont deux fois en présence de son avocat. Cela semble peu pour un tel dossier.

En outre la reconstitution des évènements concerne seulement les lieux de l'accident et de la découverte du corps. Et encore celle-ci s'est déroulée au pas de course, officiellement pour des raisons de sécurité. Les enquêteurs ne se sont pas déplacés sur les lieux de l'enlèvement à Marseille où aucun témoin n'a reconnu Christian Ranucci.

Témoin de dernière minute


Peu de temps après la clôture de l'instruction, Mme Mathon, la mère de Christian rencontre au parloir de la prison Jeannine Mattéi dont le fils est lui aussi incarcéré aux Baumettes. Celle-ci lui révèle qu’un homme vêtu d'un pull-over rouge, conduisant une Simca 1100 a tenté d’enlever sa fille ainsi qu’un autre enfant de sa cité en leur demandant de chercher avec lui son chien qu’il avait perdu. Confrontés à Ranucci, les deux enfants ne reconnaissent pas l'homme au pull-over rouge ce qui portent à six les témoins ne reconnaissant pas le suspect.

De plus Mme Mathon apprend que la police a demandé à Mme Mattéi de se rendre à l’enterrement de Marie-Dolorès pour dire si elle reconnaissait dans la foule l’homme qui avait tenté d’enlever sa propre fille.

Face à cet élément à décharge, un complément d'enquête est demandé par le procureur de la république de Marseille et Mme Mattéi est entendue de nouveau à l'évêché.

Mystérieusement, la plainte qu'elle avait portée à la suite de la tentative d'enlèvement de sa fille ainsi que le rapport de son audition au commissariat disparaissent.

Le procès


Le 9 mars 1976 s'ouvre le procès de Christian Ranucci à la cour d'assises d'Aix en Provence. Ce procès s'ouvre dans le contexte de l'assassinat du petit Philippe Bertrand par Patrick Henry. Autant dire que l'opinion publique veut "la peau" de l'assassin de Marie-Dolorès.

Christian Ranucci est défendu par trois avocats: Maître Lombard, Maître Le Forsonney et Maître Fraticelli. Mais dès le début, ce dernier se désolidarise des ces deux confrères et refuse de plaider l'acquittement comme ils le souhaitent pensant qu'il n'a aucune chance.

Au cours de son procès l'accusé se montre arrogant et conteste l'ensemble du dossier. Il revient bien entendu sur ses aveux qui lui ont, selon lui, été suggéré par les policiers. Son comportement fait une impression désastreuse aux jurés.

Le témoignage des époux Aubert, malgré ses contradictions, est impeccable et ne fait que renforcer la conviction de l'assistance.

L'atout maître de la stratégie des défenseurs de Ranucci, le témoignage de Mme Mattéi, est catastrophique. A tel point qu'elle sera insultée en sortant de la cour d'assises. Il faut dire que l'absence des procès verbaux de ses auditions à l'évêché joue contre elle.

A contrario la prestation de l'avocat des parties civiles, Gilbert Collard est excellente malgré ses positions hostiles à la peine capitale alors que l'opinion publique est très majoritairement pour.

Finalement, Christian Ranucci est condamné à mort, jugement confirmé par la cour de cassation le 17 juin 1976.

La demande de grâce présidentielle est rejetée par Valery Giscard d'Estaing et Christian Ranucci est exécuté le 28 juillet 1976.

Ironie du sort, Jean-Baptiste Rambla, le frère de Marie-Dolorès, aujourd'hui âgé de 37 ans est incarcéré à la prison des Baumettes pour le meurtre de son employeur Corinne Beidl, 42 ans, disparue depuis juillet 2004 et dont le corps a été retrouvé le 12 février 2005 dans le jardin de Jean-Baptiste Rambla.
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article