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Jérôme Cahuzac, itinéraire d'un ministre en pleine tempête...

Publié le par Gérard

Jérôme Cahuzac, dans son bureau de Bercy (Paris), le 29 mai 2012.

Jérôme Cahuzac, dans son bureau de Bercy (Paris), le 29 mai 2012.

(LIONEL BONAVENTURE / AFP)
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"Je garde le sourire mais je serre les dents." La phrase est une confidence de Jérôme Cahuzac à l'un de ses collègues du gouvernement, à la sortie du Conseil des ministres mercredi 9 janvier. Le ministre du Budget est apparu très touché après l'ouverture d'une enquête préliminaire pour "blanchiment de fraude fiscale" dans l’affaire du compte suisse qu'aurait détenu le ministre délégué au Budget. Serrer les dents et encaisser les coups, pas facile pour ce ministre, boxeur amateur réputé "sanguin, cogneur, physique", sur un ring, selon LeMonde.fr. Francetv info revient sur le parcours d'un ministre dans la tourmente.

 

De la chirurgie à la politique

"Brillant". Dans le camp socialiste, tout le monde salue sa rigueur et ses compétences en matière de finance et de fiscalité. Des matières qui ne sont pourtant pas son cœur de métier. Car Jérôme Cahuzac, avant de tailler dans les dépenses de l'Etat, a manié le scalpel dans des salles d'opération. Chirurgien de métier, chef de clinique, il met entre parenthèse sa carrière à la fin des années 1980 pour rejoindre le cabinet de Claude Evin, ministre de la Santé du gouvernement Rocard, et fait ensuite partie de l'équipe de Lionel Jospin, candidat à l'élection présidentielle en 1995.

 

Après la défaite face à Jacques Chirac, il revient à la chirurgie, mais dans un secteur beaucoup plus lucratif. Il fonde avec son épouse, également médecin, une clinique spécialisée dans le cuir chevelu, "où les quinquagénaires du tout-Paris viennent se faire implanter des cheveux", note Le Monde. Une activité qui fera sa fortune. Mais il n'a pas tiré un trait sur sa carrière politique. Parachuté à Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne), il est élu député en 1997, battu en 2002 puis réélu en 2007. Jérôme Cahuzac se fait remarquer par sa spontanéité et son côté "sanguin", comme lorsqu'en avril 2011 il gifle un jeune dans sa commune de Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne), expliquait alors RTL.fr.

 

Le "père la rigueur" du gouvernement

Passionné de fiscalité, il profite de la nomination de Didier Migaud à la Cour des comptes pour prendre en 2010 la présidence de la commission des Finances de l'Assemblée et devient tout naturellement le responsable de ces questions dans l'équipe de campagne de François Hollande. Après l'arrivée à l'Elysée du candidat socialiste, il décroche son premier portefeuille ministériel, au Budget.

 

 Cet ex-admirateur de Michel Rocard et Lionel Jospin, proche de Dominique Strauss-Kahn avant de rejoindre le candidat Hollande, enfile le costume du père la rigueur, de celui qui dit non aux dépenses. Le président en fait l'homme du redressement fiscal, comme le titrait Le Monde fin septembre. Sa mission : économiser 10 milliards d'euros et ramener le déficit budgétaire à 3%.

Un rôle qui lui plaît et dont il joue. Pour preuve, au cinquième étage de Bercy, juste en face de son bureau, il accroche deux portraits originaux de Picsou offerts par des amis, comme il le confessait sur BFMTV. Mais son franc-parler et son intransigeance font des étincelles. Résultat, lors de la préparation du budget 2013, le premier du quinquennat d'Hollande, certains ministres sortent meurtris des négociations, comme le rapportent Les Echos

 

A la sortie de leur entretien, les noms d'oiseaux fusent : "misogyne prétentieux" pour Cécile Duflot, "incorrect" selon Michel Sapin, ou encore "cassant" et "éruptif". Le ministre délégué encaisse les coups, mais tient bon.

 

Compte en Suisse et autre contrariétés

S'il se dit "décalqué" à la fin de l'été 2012, après les négociations sur le budget, un autre combat s'engage le 4 décembre avec les révélations de Mediapart sur l'existence d'un compte suisse qu'il aurait détenu depuis le début des années 1990. Le ministre s'en défend et réclame l'ouverture d'une enquête préliminaire, qu'il obtiendra le 8 janvier.

 

L'affaire fait ressortir d'autres vieilles histoires, comme ses liens avec les laboratoires pharmaceutiques, rappelait ainsi Le Parisien fin décembre. Sud Ouest est aussi revenu en décembre sur sa condamnation en 2007 pour l'emploi d'une femme de ménage originaire des Philippines et en situation irrégulière.

 

Mais avec ces soupçons d'évasion fiscale, l'affaire propulse sur la place publique la situation financière de Jérôme Cahuzac, l'obligeant à se justifier sur ses revenus et ses biens immobiliers, explique Challenges.fr.

 

Le ministre du Budget prête ainsi le flanc à la critique alors que le débat sur la taxation des hauts revenus fait rage. Celui qui doit défendre et mettre en application une des mesures phare du quinquennat de François Hollande et traquer les évadés fiscaux, est affaibli, comme l'explique l'éditorialiste Françoise Fressoz sur son blog. Pour le moment, avec le soutien du président et du Premier ministre, Jérôme Cahuzac reste sur le ring.

 

Mais parviendra-t-il à éviter le KO ?

 

Simon Gourmellet

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