Cahuzac : un aveu et après ?

Publié le par Gérard

C’est l’avocat d’affaires Gilles August, qui a bataillé pendant des mois aux côtés de Jérôme Cahuzac pour défendre l'honneur de celui-ci dans l’affaire du compte suisse, qui résume peut-être le mieux aujourd’hui l’état d’esprit des proches de l’ancien ministre du budget démissionné. « On ne peut pas prétendre une chose, puis son contraire. Je ne représente plus Jérôme Cahuzac. J’ai défendu son innocence, je ne serais pas crédible si je devais désormais défendre le contraire », confie-t-il, dépité, à Mediapart. Son nouvel avocat, Jean Veil, nous a confirmé que le changement de défense avait eu lieu en début de semaine dernière. 


Tout est allé très vite. Mardi 2 avril, vers 13 h 30, le compte Twitter du Canard enchaîné annonce des révélations à paraître le lendemain : Jérôme Cahuzac s’apprêterait à avouer aux juges avoir détenu des comptes non déclarés en Suisse et à Singapour, après quatre mois de démentis acharnés.

Le tweet :

L'article du Canard :

Deux heures plus tard, tandis que Le Canard enchaîné n’est toujours pas sorti de l’imprimerie, BFM TV annonce que l’ancien ministre du budget est entré au pôle financier du tribunal de grande instance de Paris, où deux juges anti-corruption, Renaud Van Ruymbeke et Roger Le Loire, sont chargés d’une information judiciaire ouverte pour « blanchiment de fraude fiscale » à la suite des révélations de Mediapart début décembre.

Jérôme Cahuzac 
Jérôme Cahuzac© Reuters

En réalité, Jérôme Cahuzac avait écrit aux magistrats dès le 26 mars, soit une semaine après sa démission du gouvernement Ayrault, pour confier son désir de passer aux aveux, comme il l’explique lui-même sur son blog.

 

L’ancien ministre du budget, qui avait annoncé faire de la lutte contre l’évasion fiscale sa priorité au sein du gouvernement, a finalement été mis en examen, mardi 2 avril, pour « blanchiment de fraude fiscale » par les juges.

 

Jérôme Cahuzac écrit dans son blog avoir « confirmé (aux magistrats) l’existence de ce compte » dont il est, dit-il, le « bénéficiaire depuis une vingtaine d’années », sans toutefois préciser sa date d’ouverture. Il évoque un montant de 600 000 euros comme solde et précise que ce compte n’aurait pas été abondé depuis « une douzaine d’années »

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Affirmant être aujourd’hui « dévasté par le remords », l’ancien ministre reconnaît avoir été pris « dans une spirale du mensonge ». C’est peu dire (voir le “parti pris” d’Antoine Perraud, « L’injure faite à la nation »).

Dans son blog, Jérôme Cahuzac parle d’un compte au singulier. Or, selon Le Canard enchaîné, l’ancien ministre aurait fait savoir qu’il était prêt à reconnaître l’existence, non pas d’un, mais de deux comptes en Suisse, mais également, comme n’a cessé de l’écrire Mediapart depuis ses premières révélations, d’un compte offshore à Singapour où un important transfert de fonds a été opéré en 2010. 

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