Affaire Bettancourt : la guerre d'image est ouverte.

Publié le par Gérard

Dans la discorde profonde qui oppose une fille à sa mère, la communication prend une place prépondérante.

Liliane Bettencourt aurait même fait appel aux services de l'agence de communication Euro RSCG.

L'Oréal a rassuré l'opinion et les investisseurs sur la gouvernance et la vitalité du groupe, par le biais de son PDG. Cette affaire de famille aux allures d'affaire d'Etat ne saurait entâcher l'image institutionnelle et encore moins avoir un impact sur les ventes des produits que l'entreprise commercialise sous différentes marques.

Non, ici il s'agit bien de protéger la réputation de l'investisseur numéro 1, Liliane Bettancourt.

 

 

L'image de cette dernière a en effet été écornée pendant plusieurs mois : une vieille femme dépendante, sous influence, un brin sénile, distribuant sa fortune avec démesure à quelques profiteurs, voire escrocs. Du moins, c'est le portrait qui se dessinait progressivement dans les médias et les réseaux sociaux. Liliane, "atteinte d’Alzheimer" ouvrait même un compte sur Twitter (faux bien entendu) pour témoigner avec ses mots de ce qui lui arrivait...

 

 

La défense devait donc s'organiser et on voit bien dans le long article de Paris Match, "Dynasty, à la française" (pages 40-47 Paris Match du 29 juillet au 04 août 2010) les arguments qui pourront être exploités dans les prochains mois par l'agence de communication pour sauver l'héritière de ce mauvais pas.

A l'influence qui mériterait pour sa fille "une mise sous tutelle", on opposera au contraire l'indépendance d'esprit et sa capacité à révoquer "quelqu'un du jour au lendemain". C'est donc en toute conscience et connaissance de cause qu'elle garde auprès d'elle les conseillers les plus avisés.

D'autant plus que l'héritière conserve toute sa forme physique et mentale. Si elle semble parfois distante ce n'est guère un repli sur elle-même à cause de sa vieillesse ou sa "présumée" maladie mentale. C'est un choix. Même si l'âge lui donne une certaine surdité, Liliane est en pleine forme et en pleine possession de ses moyens. Elle entretient même son corps tous les jours : "Après la sieste, Madame aime faire des longueurs dans la piscine..." Et reste toujours très au fait de l'actualité : "Encore maintenant, elle continue selon son entourage, à lire la presse qui désormais ne parle que d'elle."

A la dépendance, on opposera la liberté de vivre et d'aimer, de dépenser l'argent en conscience. Oui, Liliane est une femme libre, elle l'a toujours été. On apprend qu'elle n'a jamais aimé les conventions. Même le jour où elle a choisi son alliance, il a fallu "toute l'intelligence de son mari... Parce que je veux bien tenir, mais pas être obligée." affirme-t-elle, "Je déteste toutes les conventions du mariage." Un peu plus tôt dans l'article, on apprenait toute l'admiration qu'elle suscitait auprès de son défunt mari : "Prenez soin de ma femme. Ma vie n'a aucune importance. La sienne, si."

Si elle sait rompre avec les conventions et vivre librement, Liliane est aussi une femme mécène qui soutient les œuvres au gré de ses coups de cœur ou raisonnablement. Elle soutient aussi l'art en général "comme la création par l'Oréal de la galerie d'art contemporain Artcurial, même si au fond, elle a peu de goût pour la peinture".

Qui pourrait alors douter de son libre arbitre quand Liliane aide délibérément Banier et dépense son argent, en dehors des conventions, comme elle le souhaite ?

D'ailleurs rien ne compte plus pour elle que la valeur des relations humaines qu'elle entretient. La relation entre les gens (et donc celle qu'elle entretient avec Banier), "je ne crois pas qu'elle s'achète" dit-elle, "Tout ce qui ne se compte pas est ce qui compte le plus." CQFD.

Cet article est riche d'enseignements et devrait inspirer Euro RSCG s'il n'est pas le fruit de leur travail. Dans tous les cas, la question est posée : "Liliane Bettancourt est-elle une femme sous influence, comme le soutient sa fille" (une fille dépeinte comme une "ex-soixante-huitarde", à la forte personnalité, sans doute un peu jalouse de sa mère, de sa liberté et mariée à un fils de rabbin ?) ? "Ou une vielle femme libre, affranchie des conventions, qui fait ce qu'elle veut de son argent ?"

La réponse dans quelques mois: la guerre d'image est ouverte.

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