Le petit Nicolas Sarkozy ne s'embarrasse pas de contradictions

Publié le par Gérard STEPHAN

Le petit Nicolas Sarkozy nous prépare de grandes choses pour nos enfants. C'est réjouissant !

Sarkozy a un projet pour les enfants
envoyé par sarkophage

L'expulsion du squat de Cachan réjouit Sarkozy, l'apôtre de "la rupture", car elle laisse le maire de la ville se débrouiller avec le problème. Et permet d'expulser au passage quelques sans-papiers. Quitte à séparer des enfants de leurs parents.

La "rutpure" avec les anciennes pratiques de la politique, promise par le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy lors de l'université d'été de l'UMP, ne s'embarrasse pas de contradictions. Superbe exemple de cumule de pouvoirs (ministre, maire de Neuilly-sur-Seine, président de l'UMP), il piétine allègrement les droits humains élémentaires dès lors qu'il peut jouer les gros bras et draguer les électeurs du Front National. L'expulsion des squatteurs de Cachan dévoile le visage d'un homme prêt à tout, à tous les cynismes, pour assouvir son ambition, et tant pis s'il faut briser des enfants et des familles au passage.

Le 17 août, les forces de l'ordre sont intervenus pour évacuer le squat de Cachan, dans le Val-de-Marne. Certains des squatteurs ont été relogés, d'autres se sont entassés dans un gymnase de la ville. Bonne affaire pour le gouvernement et Nicolas Sarkozy : il montre ses muscles et vide un bâtiment appartenant à l'Etat (et non à la commune de Cachan) pour refiler le bébé à la mairie qui n'en peut mais.

Lors de l'université d'été du Medef, Sarkozy ne s'est pas caché du plaisir que lui procure cette situation : "Le maire socialiste de Cachan a décidé de les accueillir (les squatteurs) dans un gymnase, et bien maintenant, c'est son problème", rapporte Libération ("Au Medef, on en rit entre amis", 1er septembre).  Il est vrai que laisser 300 personnes à la rue aurait été plus digne... Sarkozy expulse, aux autres de se débrouiller.

Six des sans-papiers, hébergés dans un hôtel après l'expulsion, se sont vus notifier dans la foulée des arrêtés de reconduite à la frontière et placés en centre de rétention. Et au drame s'ajoute le drame : un enfant de deux ans a été séparé de ses parents et placé auprès de l'Aide sociale à l'enfance. Un genre de moyen de pression déjà utilisé cet été pour faire renoncer des parents à leur volonté de rester en France. Le chantage est simple : soit vous partez sans faire d'histoire et on vous rend votre enfant, soit on vous expulse et advienne que pourra.

Voici venu le temps de "La chasse au petit enfant", comme le dit le Réseau Education Sans Frontières (RESF), dont un communiqué du 5 septembre 2006, résume la situation : "Siaka a 2 ans, il est Malien. Il est placé à l'orphelinat par la volonté du ministre de l'Intérieur. Expulsés le 17 août du squat de Cachan, ses parents avaient accepté l'hébergement provisoire à l'hôtel Ibis d'Orly que leur proposait la préfecture du 94.

Le 1er septembre, nouvelle évacuation : les ex-squatteurs en situation régulière sont envoyés vers d'autres hôtels, plus éloignés encore de leurs lieux de vie et de travail. Les sans-papiers sont raflés et placés en garde à vue puis en rétention. Parmi eux, M. et Mme Doumbia, les parents de Siaka. Le centre de rétention du Mesnil-Amelot n'étant pas équipé pour recevoir des enfants, le petit garçon est arraché à ses parents et placé dans un orphelinat dépendant de l'Aide sociale à l'enfance.

Ces faits, monstrueux pour les gens ordinaires, ne sont ni un accident, ni une bavure : il s'est trouvé un ministre pour les décider, des hauts fonctionnaires pour les organiser, des fonctionnaires pour les exécuter. Quand, probablement indigné par cette situation, un juge a décidé de libérer les parents pour qu'ils retrouvent leur enfant, il s'est trouvé un procureur pour bloquer sa décision et maintenir les Doumbia en rétention et Siaka à l'orphelinat, et une cour d'appel pour trouver que ce n'est que justice."

Grâce à la campagne de protestation lancée notamment par RESF et le Dal (Droit au logement), avec le soutien de plusieurs personnalités, dont l'abbé Pierre, un titre de séjour temporaire a finalement été accordé à la famille Doumbia. "L'indulgence n'est venue lorsque l'affaire s'est ébruitée", déplore RESF.

Vendredi 8 septembre, le réseau pointait un autre cas d'espèce : celui d'une grand-mère chinoise de 53 ans, en France depuis trois ans, et dont les enfants possèdent un restaurant. Arrêté le 29 août, elle devait être expulsée vers Shanghai, où elle n'a plus aucune famille, étant veuve.

Quant aux ex-squatteurs de Cachan, ils sont toujours dans l'incertitude : qui sera expulsé ? Qui sera régularisé ? Et que faire des 200 personnes qui s'entassent dans le gymnase ?

Le maire PS de la ville, le président communiste du Conseil général et le maire divers-gauche de Limeil-Brévannes préconisaient la mise à disposition d'un bâtiment désaffecté du Commissariat à l'énergie atomique (CEA), donc de l'Etat. Lequel, trop heureux de s'être débarrassé de la patate chaude au "profit" des collectivités locales, a refusé tout net cette solution, arguant des conditions de sécurité. Les mêmes arguments, ou plutôt prétextes, qui ont été avancés pour justifier l'expulsion du squat. En revanche, que 200 personnes, dont de nombreux enfants, s'entassent dans un gymnase dans des conditions plus que difficiles (lire "Rions un peu à Cachan", Le Canard Enchaîné du 06/09) ne semble pas choquer le ministère de l'Intérieur et le préfet.

Pour protester contre cette politique irresponsable et inhumaine, une manifestation a rassemblé plusieurs milliers de personnes (3500 selon la police, 15000 selon les organisateurs), samedi 9 septembre, à Paris, entre la place de la République et la place Saint-Augustin, non loin du ministère de l'Intérieur.

Vous pouvez également écrire par mail à Claude Guéant, directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy ( sec.gueant@interieur.gouv.fr et claude.gueant@interieur.gouv.fr ) ou au conseiller à l'Immigration ( guillaume.larrive@interieur.gouv.fr ), faxer vos réactions au ministère de l'Intérieur au 01 40 07 21 09, ou au directeur de cabinet au 01 40 07 13 90.

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